Les iguanes noirs du genre Ctenosaura
Photo: C. similis (wikimedia commons)
C’est le genre le plus varié au sein des iguanidés. Il est divisé en 3 sous-genres –
Ctenosaura, Enyaliosaurus et
Loganiosaura - que certains considèrent comme des genres à part entière, pourtant le genre
Ctenosaura semble monophylétique (issu d’un même ancêtre commun). On y retrouve petites espèces mesurant moins de 30 cm, à queue courtes comme
C. defensor et de grandes espèces de plus d’un mètre comme
C. similis. Les Iguanes noirs vivent essentiellement au Mexique et en Amérique centrale, ils privilégient les habitats ouverts comme les forêts sèches voire même des habitats arides comme
C. hemilopha qui vit autour de la Baie de Californie au nord-est du Mexique. D’autres espèces comme
C. bakeri préfèrent les habitats humides. Certaines sont insulaires comme
C. bakeri ou
C. oedirhina vivant sur les îles au large du Honduras. Les grandes espèces sont très opportunistes, terrestres avec des tendances arboricoles assez marquées selon le biotope. Les petites espèces sont souvent arboricoles. Agiles, peureux ou agressifs selon leur taille, ils sont omnivores à dominante insectivore durant leur jeunesse puis deviennent essentiellement végétarien bien que gardant des comportements alimentaires très opportunistes.
Si des espèces comme
C. pectinata ou
C. similis sont encore très répandues et communes, d’autres comme les espèces insulaires ou même des espèces continentales à répartition restreinte comme
C. palearis ou
C. melanosterna sont menacées. Les espèces les plus vulnérables ont récemment été classées en annexe II de la CITES mais bien tard car entre temps elles ont été massivement chassées, pour la nourriture ou exportées vivants pour le commerce animalier.
Les femelles sont généralement 30% plus petites que les mâles, elles ont parfois une coloration différente ou se démarquent pas l’absence ou la réduction de la crête. Les pores fémoraux sont également plus développés chez les mâles. Chez les grandes espèces, les juvéniles sont souvent verts, deviennent bruns avec l’âge. Leur physionomie change également, notamment le museau qui s’allonge chez
C. similis et
C. pectinata. Certaines espèces sont difficiles à distinguer (ex :
C. flavidorsalis, C. quinquecarinata, C. praeocularis et
C. oaxacana que seul un examen de l’écaillure de la tête et de la queue peut distinguer en sachant qu’il existe des hybrides) alors que d’autres sont très reconnaissables (
C. bakeri, C. defensor). Le nom d’iguanes noirs fait croire que ce sont des animaux ternes, ce qui est faux, non seulement ce sont des lézards qui par leur carrure en imposent mais également, leur coloration bien que brune et grise, est complexe.
Chez C. defensor et
C. alfredschimdti, les couleurs sont beaucoup plus vives : gris bleu, orange, noir… Ce sont sans doute les plus belles espèces d’iguanes noirs mais aussi les plus rares.
Les espèces sont ci-dessous classées selon leur taille.
Les astérisques placées après les noms renvoient aux sous-genres : * =
Ctenosaura, ** =
Enyaliosaurus, *** =
Loganiosaura.
Grandes espèces :
C. acanthinura* : Atteignant une trentaine de centimètres de longueur museau-cloaque (ou LMC, soit la taille du corps sans la queue) et un mètre de taille totale, ce grand iguane noir se rencontre sur la façade est du Mexique jusqu’au Chiapas. Très rare en captivité.
C. hemilopha* : Selon les auteurs, cette espèce est scindée en sous-espèces, alors que d’autres comme Köhler (2002) les élèvent au rang d’espèces. Il s’agit de grands iguanes atteignant 80 cm à 1 m et vivant essentiellement dans les états du nord-ouest du Mexique : Baja California (
hemilopha), sud du Sonora et nord du Sinaloa (
macrophola), île de Nolasco San Pedro (
nolascensis) et îles de San Esteban dans la Baie de Californie (
conspicuosa).
C. pectinata* : Cette grande espèce pouvant atteindre 120 cm pour les mâles (LMC des mâles jusqu’à 35 cm) a une vaste répartition sur toute la côte occidentale du Mexique, depuis le Guerrero qui jouxte la frontière des USA (certaines populations de
C. pectinata sont présentes au Texas mais aussi en Floride où elles ont été introduites) jusqu’au nord du Chiapas : depuis le pays de l’Oncle Sam à celui du sous-commandant Marcos ! C’est une espèce consommée pour sa viande et élevée dans des fermes comme
C. similis, elle est toutefois beaucoup plus rare en captivité.
C. oedirhina*** : Endémique des îles Roatan, au large du Honduras, cette espèce décrite seulement en 1987 ne passe pourtant pas inaperçu avec ses 35 cm de LMC pour les mâles et 27 pour les femelles (soit entre 70 et 100 cm de LT), elle fut néanmoins longtemps considérée comme faisant partie de l’espèce
C. bakeri de l’île voisine d’Utila.
C. similis* : La plus grande et la plus répandue – dans la nature ou en élevage – des espèces d’iguanes noirs. Ce gros lézard caractériel est impressionnant, les moyennes se situent entre 85 et 100 cm pour un poids de 1 à 2 kg mais les mâles peuvent atteindre 49 cm de LMC et 120 cm de LT. La répartition de
C. similis commence là où s’arrête celle de
C. pectinata, au Chiapas, elle s’étend sur toute l’Amérique centrale y compris la façade orientale, depuis le Yucatan au nord jusqu’au Panama au sud. Elevée en quantité pour sa chair ou pour le commerce du vivant, cette espèce est commune, on peut l’observer dans les zones touristiques par exemple sur les temples mayas
Espèces de taille moyenne (60 à 90 cm):
C. bakeri*** : mesurant 60 à 80 cm, reconnaissable – du moins les mâles – à sa très longue crête qui tombe parfois sur le côté, cette espèce menacée est endémique de l’île d’Utila à l’est du Honduras où elle fait l’objet d’un programme d’élevage et de protection.
C. bakeri (photo: Wilfried Berns / www.Tiermotive.de. Wikimédias commons)
C. melanosterna*** : Jadis assimilée à
C. palearis, elle se reconnait à sa coloration plus sombre et sa plus grande taille : les mâles atteignent 80-90 cm mais les femelles ne dépassent pas 60 cm. Elle est élevée par quelques amateurs allemands et néerlandais et on peut se procurer des spécimens nés en captivité. Dans la nature cette espèce est menacée, ne vivant que dans une région très restreinte au nord du Honduras notamment la vallée du Rio Aguan mai aussi l’île de Cayos Cochinos.
C. palearis*** : Mesurant 60 cm voire 80 cm pour les plus grands mâles, cette espèce également menacée vit dans la vallée du Rio Motagua au sud du Guatemala. Les mâles arborent un fanon gulaire démesuré, proportionnellement aussi grand voir plus grand que celui de l’iguane vert. Cette espèce fut à une époque importée en nombre en Europe, aujourd’hui elle ne l’est plus mais on peut se procurer des spécimens de souche captive auprès d’éleveurs qui sont certes rares.
Petites espèces :
C. flavidorsalis **: Proche de
C. quinquecarinata, cette petite espèce ne dépassant pas 40 cm dont la moitié pour la queue vit en El Salvador, à l’ouest du Honduras. Essentiellement arboricoles comme la plupart des petites espèces, cette espèce se rencontre parfois en élevage mais ce sont souvent des spécimens importés.
C. quinquecarinata, C. oaxacana et
C. praeocularis**. Les deux dernières espèces, considérées auparavant comme faisant partie de la première, ont été décrites par Gunther Köhler et Hasbun en 2001 puis par Köhler seul en 2009. Elles sont toutes trois très proches, hormis l’origine géographique et un examen minutieux des écailles de la queue et de la tête, il est très difficile de les distinguer. Elles atteignent toutes entre 40 et 50 cm de longueur totale (une LMC de 14-18 cm), les mâles sont plus grands et leur coloration est légèrement différente de celle des femelles. Ils possèdent également une crête dorsale plus développée.
C. quinquecarinata se rencontre à l’extrême nord-ouest du Costa-Rica et à l’ouest du Nicaragua.
C. oaxacana vit bien plus loin, au sud du Mexique dans l’Etat de l’Oaxaca près de la frontière avec le Chiapas. La queue de ces espèces est couverte d’épines.
C. quinquecarinata mâle.
C. defensor : Avec une LMC de 14,5 cm, c’est le plus petite espèce du genre, la queue est également très courte et fortement épineuse représentant moins des deux tiers de la LMC. Cette espèce vit dans l’Etat du Yucatan se situant à l’extrémité de la péninsule du même nom célèbre pour ses temples mayas et au climat assez sec.
C. alfredschmidti : Ressemblant par la taille et la coloration à
C. defensor, elle s’en démarque notamment par une queue un peu plus longue et une tête plus allongée. Atteignant 17 cm de LMC pour 30 cm de LT, elle vit également dans la péninsule du Yucatan mais plus au sud, dans l’état du Campeche.
En captivité :
La dimension du terrarium dépendra évidemment de l’espèce. Les grandes espèces seront logées dans des terrariums d’au moins 180 à 200 cm de long sur 100 cm de large et 160 cm de haut minimum, s’épanouissant d’autant mieux dans de plus grands terrariums. Pour les espèces de taille moyenne, un terrarium de 160x100 cm de base et 120 à 150 cm de haut est nécessaire, et pour les petites espèces, 120x60 cm de base sur 80 à 120 cm de haut selon les mœurs plus ou moins arboricoles sont de rigueur. Ces dimensions sont valables pour un couple, elles devront être augmentée si on ajoute une femelle, il faut néanmoins savoir que les relations entre femelles ne sont pas toujours très bonnes.
Il faudra disposer de grosses branches, solidement accrochées pour les grandes espèces ou bien des plateaux faits de planches de bois. Des tubes de lièges sont appréciés comme abris pour ces reptiles farouches. On dispose également une végétation artificielle. On peut ainsi créer un fourré dense de plantes artificielles dans un coin du terrarium, les lézards aimeront s’y réfugier en cas de besoin. L’alimentation se compose essentiellement de végétaux, pour presque toutes les espèces. Une ou deux fois par mois on peut leur donner de gros insectes comme des criquets migrateurs. Les petites espèces sont plus insectivores. Quant aux jeunes, ils sont nourris un jour d’insectes, le lendemain de végétaux, puis la part de végétaux devient plus importante au fil des mois. Ces iguanes sont encore trop méconnus et ont peu de succès auprès des terrariophiles, c’est dommage car ils sont intéressants et les petites espèces sont idéale pour élever chez soi un iguane qui ressemble à un iguane mais sans atteindre une grande taille. Toutefois, vues les menaces qui pèsent sur certaines populations, les effectifs réduits et le peu de cas que font certains gouvernement de leur protection, l’achat d’animaux capturés dans la nature doit être prohibé !
Sources :
-
Bosch H. & H. Werning, 1991. Green iguanas and other iguanids. TFH publications.
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Burghardt G. M. & A. S. Rand – 1982. Iguanas of the world. Noyes Press.
-
Collectif – Situla spécial Iguanidés. Revue de l’association française de terrariophilie.
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Köhler G. 2002. Schwarzeleguane. Herpeton Verlag.
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Pianka E. R. et L. J. Vitt 2005. Lizards, windows to the evolution of diversity. University of California Press.
-
Rogner M. 1997 – Lizards volume 1. Krieger publishing.
Liens internet :
Tiliqua, site consacré aux lézards. ISSN 2118-5492 – Volume 3. mars 2013.
http://tiliqua.wifeo.com
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