Distinction des sexes chez les scinques du genre Tiliqua.
Les Scinques du genre Tiliqua possèdent comme les autres reptiles, deux hémipénis chez les mâles qui communiquent avec les organes génitaux primaires (testicules) qui eux sont invisibles car à l’intérieur du corps du reptile. Les hémipénis prennent source dans le cloaque, ils sont érectiles, mais au repos sont logés dans des fourreaux situés à la base de la queue. Ces fourreaux sont quasi-inexistants chez les femelles. Les femelles elles possèdent également des organes copulateurs externes : les hémiclitoris, qui se trouvent au même endroit que les hémipénis du mâle et ont une forme assez similaire, néanmoins ils sont de taille réduite par rapport aux organes copulateurs des mâles. Les hémpénis de T. scincoides mesurent 30 à 35 mm alors que les hémiclitoris mesurent 10 à 12 mm (Ziegler & Böhme 2000, Shea 1992). Lors de l’accouplement le mâle n’utilise qu’un seul hémipénis. La fonction des hémiclitoris reste à définir.
Les sujets sont matures vers deux ans voire 18 mois, en théorie, car il est conseillé d’attendre trois ans avant de les reproduire et ce pour préserver la santé de la femelle et obtenir une meilleure portée la première fois.
Le distinction des sexes est difficile comme chez la plupart des scincidés. Les lézards de la famille des scincidés ne possèdent pas de pores fémoraux, un caractère sexuel secondaire que l‘on retrouve chez bon nombre de lézards et notamment chez les mâles. Chez quelques rares espèces de scinques (Certains Mabuya par exemple) le dimorphisme sexuel est net car mâles et femelles n’ont pas la même coloration et/ou la même morphologie, les mâles étant alors plus grands et plus trapus. Mais ce n’est pas le cas chez les scinques à langue bleue où mâles et femelles se ressemblent totalement. A une différence près, souvent considérée comme un moyen de différenciation visuelle, les mâles ont ne tête plus grande que les femelles proportionnellement au tronc et la base de la queue est plus large à cause des hémipénis. Néanmoins, pour une telle comparaison il faut des sujets matures, de même age et élevés dans les mêmes conditions. De plus, vu la fourchette de poids possible chez les Tiliqua (le poids pouvant varier de plus de 200 g entre deux individus, sans corrélation avec le sexe), on ne pourrait comparer l’épaisseur de la base de queue uniquement chez des sujets de poids et de taille égale, ce qui est difficile. Pour toutes ces raisons, de nombreux éleveurs et auteurs (Hitz, & Ziegler, Griffith) considèrent la différentiation des sexes selon la morphologie extérieure comme moyennement efficace voire très peu efficace. Des études (Shea 1992, Jones 1987) montrent des différences de morphologie voire d’écaillure (Shea) entre les sexes au sein du genre Tiliqua. Néanmoins, comme le soulignent Hitz et Ziegler (2000), les différences exposées par ces études sont des moyennes et portent sur de très nombreux spécimens. Les amplitudes de mesures entre spécimens ne permettent pas de fixer une règle claire et applicable à tous les spécimens, surtout quand dans le cas des amateurs, nous nous retrouvons devant seulement deux ou trois spécimens. De plus, cette méthode est inutilisable chez des sujets juvéniles et à mon sens, n’est vraiment applicable que chez des sujets de plus de 3 ans. Certains amateurs affirment que l’on et distinguer mâles et femelles selon la couleur des yeux, c’est néanmoins totalement faux, comme Griffith a pu le démontré sur son site internet. Contrairement à de nombreux scincidés et à la majorité des sauriens, les femelles sont, en moyenne, plus grandes que les mâles, mais ces derniers se démarquent par une allure plus massive notamment au niveau de la tête. Chez T. scincoides, T occipitalis, T. gigas keyensis, Tiliqua sp. Irian Jaya, Tiliqua rugosa, la différence de taille entre mâles et femelles est très réduite voire inexistante, en tout cas très eu mesurable ni probante (car comparable sur des moyennes impliquant des dizaines voire des centaines de sujets adultes). Chez T. nigrolutea, T. adelaineisis, T. gigas gigas et T. gigas evanescens les différences sont plus importantes (femelles plus grandes) mais là encore, au niveau amateur, ces différences ne sont pas exploitables. Pour exemple, Shea montre une taille LMC moyenne chez T. nigrolutea (une des espèces où la différence est la plus forte) de 260.2 mm chez les mâles et 269.5 mm chez les femelles. Or il s’agit d’une moyenne sur des dizaines de spécimens mesurés dont la taille varie de 227-300 mm pour les mâles étudiés et 239 à 328 mm pour les femelles. Chez T. gigas gigas, Shea calcule une LMC moyenne de 244.4 mm pour les mâles (34 spécimens mesurés), contre 256.6 mm chez les femelles (35 spécimens mesurés), mais là encore, l’amplitude ente les spécimens bien que matures est de 212 à 288 mm chez les mâles, 217-295 mm chez les femelles. On voit donc qu’il est, à notre niveau d’amateur et le choix restreint de sujets à comparé lorsqu’on souhaite acheter un animal, ces chiffres ne sont d’aucune utilité. Mathématiquement oui, on peut dire qu’il y a une différence, mais elle est en total décalage avec la pratique.
Des études ont également été faites pour mesurer la validité du sexage par sondage*. Tremper (1985) et Hitz (1984) ont mené des expériences qui ont montré une certaine efficace, néanmoins ces résultats sont fortement remis en cause. D’ailleurs Hitz ne parviendra pas à les réitérer et en conclu que le sondage n’est pas une méthode applicable aux Scinques.
L’extériorisation (ou éversion) des organes copulateurs est une méthode délicate mais sans doute l’une des plus probantes avec l’endoscopie. Il faut être à deux pour pratiquer cette opération, mais seul un terrariophile expérimenté et aguerris à cette technique peut la pratiquer… Toutefois, pour être aguerris, il faut bien se lancer un jour ! Pourtant, je ne m’étalerai pas sur cette technique, ne la pratiquant pas moi même, je vais seulement en donner brièvement le principe. Un article à part illustré de photos serait plus utile pour expliquer les gestes et le résultat à observer. L’extériorisation des organes génitaux a pour but de les faire sortir en appuyant sur la base de la queue avec le pouce et en ouvrant légèrement le cloaque et avec une sonde ou autre objet fin être non coupant de soulever les écailles qui protègent l’entrée du cloaque. Normalement, on doit voir sortir au moins un hémipénis, parfois une partie seulement, mais que l’on peut identifier en observant la présence de vaisseaux sanguins importants. Il est très rare que les hémiclitoris sortent lors de cette opération (c’est pour cela qu’ils ne furent découverts que par dissection en laboratoire), de ce fait, chez les femelles, la manipulation ne devrait rein faire apparaître ou du moins des organes très petits (3 fois plus petits) que ceux des mâles. Cette méthode ne fonctionne que chez les adultes, même si Hitz signale que chez les juvéniles on peut tenter de voir les vaisseaux sanguins qui longent les hémipénis des mâles.
L’endoscopie est un moyen très efficace, le meilleur si l’on trouve un vétérinaire compétent en anatomie reptilienne, néanmoins il est coûteux et nécessite une préparation 4 à 6 semaines auparavant (régime alimentaire soutenu afin « d’engraisser » l’animal). Seul un vétérinaire peut le faire, il devra anesthésier en partie ou totalement l’animal selon l’agressivité du lézard. Cette fois-ci ce ne seront pas les organes mâles mais les organes génitaux primaires des femelles et en particulier les oviductes. Il n’est évidement praticable qu’après l’achat.
Enfin, sachez que la radiographie, qui fonctionne chez certains varans car ils possèdent des fourreaux ossifiés, est inefficace chez les Scinques. Quat aux analyses du chimique du sang (recherche d’hormones mâles) ou génétiques ils ne sont encore qu(à leur début et s’avèrent très onéreux et peu d’études ont encore été faites.
Alors que choisir parmi cette nébuleuse de méthodes dont peu sont efficaces ? Si vous optez pour des sujets adultes, seules l’endoscopie et l’extériorisation des organes génitaux sont efficaces. Chez les juvéniles, seules les analyses chimiques voire l’extériorisation des organes génitaux sont efficaces, mais la première méthode reste très coûteuse. Une dernière méthode, largement utilisée chez les éleveurs reste l’identification des sexes par leur comportement lors d’une mise en couple. Si vous achetez des juvéniles on ne peut que trop vous conseiller d’acheter 4 à 6 juvéniles (si possible de portées différentes !), de les faire grandir séparément et la troisième année (maturité « optimale ») de les mettre en couple et d’observer les réactions. On peut, en comparant le comportement à la sortie de la période de repos (agitation du mâle) ou la morphologie des sujets, se faire une vague idée de qui est qui… Reste à le confirmer en organisant des confrontations. Les résultats sont simples : Deux mâles ensemble c’est la bagarre : ils se tournent l’un autour de l’autre ou se placent l’un en face de l’autre, souffrent très fort, ouvrent grande la gueule et tente de se morde… Bien entendu il faut les surveiller car les combats ne sont rituels qu’au début ! Après c’est le pugilat ! Dès que les premiers signes d’agressivité sont constatés on sépare les animaux.
Si les deux animaux mis ensemble sont des femelles, il ne se passera rien, si ce n’est que chacun ira dans son coin, ou que la femelle « propriétaire » du terrarium chassera l’autre sans autant d’agressivité que chez les mâles (du moins au début, là aussi il faut les séparer). Enfin si c’est un couple, le mâle poursuivra la femelle et essaiera de s’accoupler (celle-ci peut se montrer agressive si non réceptive). Petit conseil : Prenez des photos des dessins dorsaux de vos animaux avant la mise en couple et reportez les dans votre ordinateur afin de les identifier et de ne pas vous mélanger les pinceaux !
(c) Vincent Noël