Faut-il désespérer de la terrariophilie?
Résumé:
La terrariophilie est souvent critiquée sur – entre autres – trois aspects: 1) l'impact négatif des prélèvements d'animaux dans la nature qui alimentent une partie encore importante du marché terrariophile ou l'abandon d'espèces encombrantes dans la nature qui peuvent devenir invasives. 2) Beaucoup de gens achètent des animaux de terrarium sans rien connaître à leurs besoin biologiques ni à l'impact de leur achat sur la biodiversité, 3) des pratiques d'élevage qui ne prennent plus en compte le confort de vie et le bien-être animal, mais axés surtout sur la rentabilité de l'élevage. Toutefois, tous les terrariophiles ne sont pas à mettre dans le même panier : certains amateurs partagent ces critiques et estiment surtout que la terrariophilie comme mode sans aucun contrôle, le manque d'information et de sensibilisation du public et des éleveurs, et surtout les considérations purement économiques et non éthiques qui animent le commerce animalier (et pas seulement terrariophile) sont les principales causes de ces dérives. Car, une autre terrariopohilie, responsable et capable d'autocritique est possible, même si de nos jours elle semble totalement masquée par l'exploitation médiatiques des comportements irresponsables.
La terrariophilie est l'objet de nombreuses critiques. Le dégout voire la phobie des reptiles, très courante dans la population, est une des explications de la méfiance voire de l'indignation des citoyens envers les propriétaires de reptiles. L'exploitation des peurs irrationnelles et inconscientes garantissant aussi un certain succès médiatique, les faits divers – comme les évasions – liées à des propriétaires de reptiles attisent ce sentiment d'insécurité et d'indignation. Toutefois, les évasions de reptiles restent très rares. Certes, elles augmentent depuis quelques années puisque le nombre de terrariophiles augmente, mais c'est totalement anecdotique en comparaison avec les évasions de chats et chiens, qui posent de gros problèmes de sécurité, de salubrité publique et environnementale. Pourtant, à l'instar du loup dans les campagnes, la présence de reptiles en ville engendre la paranoïa et les foudres de la population. Certains éleveurs, parfaitement en règle, se sont retrouvés face à des pétitions de co-propriétaires ou locataires de leur immeuble ou quartiers exigeant leur départ.
Toutefois, certaines critiques sont parfaitement fondées et amènent à se demander si la terrariophilie n'est pas un loisirs condamnable. Je suis moi-même terrariophile (au risque d'être accusé d'impartialité), et je me demande parfois s'il ne faut pas arrêter la terrariophilie quand je constate ces débordements car j'ai l'impression d'appartenir à une communauté d'irresponsables. Mon intérêt égoïste me dit « qu'est ce que tu te prends la tête avec des considérations philosophiques ? Tu aimes la terrariophilie alors profites-en! Carpe diem et chacun pour soi! » Mais ma raison me dit que c'est à cause de ce genre de raisonnements que la terrariophilie est attaquée, risque un jour d'être interdite et qu'on ne peut pas affirmer aimer les reptiles sans se soucier de leur sort en tant qu'individus comme en tant qu'espèces. Alors, la terrariophilie est-elle « globalement néfaste », comme le disait Gilbert Matz dans un article pessimiste paru en 1979 dans la revue aquariophile et terrariophile Aquarama ?
1: Une menace pour la biodiversité.
Quel est l'acte d'accusation? Les terrariophiles sont volontiers taxés de pilleurs de la nature, leur hobby est considéré comme une menace pour les espèces. A cela, les terrariophiles répondent que ce n'est qu'une goutte d'eau par rapport à la déforestation, à la pollution, à l'exploitation des reptiles pour la pseudo-médecine asiatique ou des génocides comme le massacre de 100 000 tortues lors de la fête hindouiste de Kali Puja, au Bengladesh. Ils répondent aussi que l'élevage en captivité a fait de très gros progrès, certaines espèces ne sont plus du tout prélevées dans la nature. C'est à la fois vrai... et bien trop optimiste voire naïf : l'impact de la terrariophilie sur la biodiversité est loin d'être négligeable ! La raréfaction de certaines espèces est directement liée au commerce du vivant.
Pour certaines espèces en effet, le commerce terrariophile fonctionne en circuit fermé gràce à l'élevage en captivité. Quelques-unes de ces espèces sont ainsi aux portes de la domestication tant les liens avec les souches sauvages sont coupés depuis des générations. Des espèces comme Pantherophis guttatus, la couleuvre des blés, sont très productives et faciles à reproduire pour un coût modique. Des espèces comme l'Iguane vert sont élevées dans leur pays d'origine pour l'alimentation ou leur peau, une partie des animaux sont toutefois exportés vivants. Dans d'autres cas, c'est la législation réduisant ou interdisant les captures en milieu nature qui oblige à pratiquer l'élevage en captivité (ce qui n'est pas un frein comme le montre le succès de l'agame barbu alors que l'Australie interdit toute exportation de sa faune depuis les années 1970. On n'ose pas imaginer la catastrophe si cette espèce pouvait être librement capturée et exportée vu son succès commercial actuel!).
Mais voilà, ce commerce basé sur l'élevage en captivité ne concerne que quelques espèces. Pour d'autres c'est exactement l'inverse, leur commerce est basé essentiellement sur les importations. On distingue deux types d'animaux importés: D'une part, les spécimens dit de « ranching », c'est à dire issus de fermes d'élevages dans leurs pays d'origine, dont on n'a aucune assurance que les animaux sont bien élevés en « circuit fermé » et non issus de pillage de pontes ou de captures de femelles gravides ce qui revient à prélever dans la nature : l'absence de traçabilité est un problème auxquels même les animaleries sont confrontées. Mais surtout, le problème majeur est celui des spécimens purement et simplement capturés dans la nature pour être expédiés en Occident. Il faut d'abord savoir que ce commerce entretien la pauvreté dans les pays d'où proviennent ces animaux. Ils sont achetés une bouchée de pain, capturés en masse, les populations d'animaux se réduisent en quelques années, n'assurant qu'un revenu précaire à des populations réduites à détruire leurs richesses naturelles pour survivre.
De plus, la plupart des animaux meurent car les captures se font dans des conditions d'hygiènes affreuses, les « chasseurs » n'ont aucune formation sur l'acclimatation et leurs clients, les importateurs, prévoient une part importante de pertes qu'ils répercutent sur le prix de revente aux animaleries occidentales. Mais voilà, dans une économie capitaliste, rien n'est fait ni par philanthropie ni par misanthropie, mais seulement dans le but de faire du profit. Pour ces espèces, il est plus rentable d'importer que d'élever malgré les pertes. Soit parce que ces espèces n'intéressent que peu de terrariophiles, soit parce qu'elles sont compliquées à élever ou peu productives. Ainsi, la faune de certains pays comme l'Egypte est littéralement pillée. Les acheteurs occidentaux n'ont souvent pas conscience qu'en achetant ces animaux – en particulier s'ils ne les reproduisent pas en captivité - ils privent l'espèce d'un reproducteur et favorisent ce pillage. Actuellement, la loi n'offre aucune solution vraiment efficace à ce problème (le système des listes d'espèces protégées montre très vite ses limites), pourtant ce serait simple: interdiction de la vente au grand public des sujets issus de capture, la vente et la détention ne serait possible que pour des éleveurs accrédités et se lançant dans un programme de reproduction en captivité dont les jeunes, eux, seraient vendus au grand public. Reste le problème du ranching: une traçabilité et des normes sur la qualité sur les conditions d'élevage et d'expédition des animaux devrait être étudiées.
2: Ignorance et maltraitance ordinaires.
La seconde accusation est liée aux comportements des consommateurs et propriétaires de reptiles ou des commerçants. La critique est sévère : les propriétaires de reptiles sont inconscients, ignorants des besoins réels des reptiles et de l'impact de leur actes sur la biodiversité ; au final, ils sont donc dangereux et il faut interdire la vente d'animaux de terrarium... malheureusement, cette vision des choses jugée réductrice par les terrariophiles fourmille d'exemples pour l'étayer. Le problème n'est pas de savoir si un lézard ou un serpent peut être considéré comme un « animal de compagnie », car tous fantasmes et peurs irrationnelles mises à part, cela ne pose aucun problème à la seule condition qu'il soit hébergé dans des conditions optimales (ce qui à l'échelle du particulier est possible) et sans impact négatif sur la biodiversité. Malheureusement, nombre de citoyens achètent un reptile comme animal de compagnie sur un « coup de tête », sans connaissances préalables, simplement par l'envie d'avoir un animal hors du commun.
Alors, on accuse les vendeurs qui eux-même – par malhonnêteté ou par incompétence - racontent n'importe quoi aux clients. Un exemple fameux est celui des tortues de Floride : vendues à 5 cm et qui étaient assurées vivre des années nourries de gammares séchés dans des boites en plastique sans chauffage, et surtout qui ne grandiraient pas. Tout cela est faux, mais l'important dans ce cas est de vendre selon un adage bien répandu dans le commerce: « un pigeon se lève chaque matin »... Caricature? Ayant été vendeur en animalerie je peux vous affirmer que non ! Mais je ne condamne pas mes anciens camarades vendeurs (enfin, pas tous, certains se vantant d'avoir « pigeonné » un client), car certains sont honnêtes. Néanmoins, ce sont des salariés, ils doivent obéir à leur patron et aux objectifs de rentabilité. Mais aussi, parfois, ils se retrouvent devant l'obstination des clients qui veulent cet animal et passent outre les avertissements du vendeur, ses conseils de s'octroyer un délai de réflexion et refusent d'acheter le moindre livre pour mieux connaître l'animal et ses besoins.
L'interdiction pure et simple comme réponse à des comportements jugés puériles (satisfaire de suite un désir) ou inconscients est une réponse fréquente et facile aux « problèmes de société » quitte à devenir liberticide. Mais ne prend-on pas le problème par le mauvais bout en condamnant le comportement des clients ? L'infantilisation des masses et l'absence d'information (ou la sélection de ces informations) sont deux éléments primordiaux d'un certain marketing, assurance du succès d'une mode dont les organisateurs et véritables bénéficiaires veulent garder le contrôle selon la maxime « deprosgienne » : « je pense, donc tu suis ». A l'ignorance entretenue s'ajoute un comportement lié à la société de consommation qui nous fait percevoir tout ce qui est dans un rayon de magasin, - même si c'est vivant - comme un objet fabriqué sur mesure pour l'homme, prêt à l'emploi et, le pire de tout : jetable et remplaçable à l'infini... C'est l'effet poisson rouge: « Bubulle est mort? C'est pas grave on en rachète un demain! » (et certains parents trouvent une utilité pédagogique à cela... No comment!).
Les achats d'animaux de terrarium sans travail de réflexion et d'acquisition de connaissances préalables engendrent une maltraitance ordinaire: terrariums trop exigus, installation inadaptées aux besoins, alimentation de mauvaise qualité, incapacité de voir les problèmes de santé quand ils apparaissent, achats nécessaires remis à plus tard pour des raisons économiques... L'Association récup'iguanes verts s'indigne régulièrement de l'état de santé déplorable des iguanes que ses membres récupèrent. Les animaux sont achetés à une taille de 20-30 cm, les vendeurs affirment parfois qu'il restera petit ou les acheteurs, averti que ce lézard mesurera plus de 150 cm dans quelques années, pensent avoir le temps de voir venir, mais bien souvent, l'équipement ni les soins ne suivent. Ne s'informant pas, les iguanes sont mal nourris, développent des problèmes de santé, son agressifs... Or, ces reptiles, comme tout animal captif, nécessitent des connaissances qui vont au-delà de la simple liste de matériel conseillée par le commerçant. Celles nécessaires à la pratique de la terrariophilie sont d'autant plus importantes que ces animaux sont dépendants de conditions climatiques spécifiques qu'il faut reconstituer artificiellement avec tout un équipement, et il est impossible d'installer et de gérer correctement le matériel de chauffage par exemple sans avoir des connaissances sur la thermorégulation des reptiles. Trop de gens – y compris des terrariophiles pratiquant depuis des années - négligent ces connaissances, ils négligent les bases d'une science: l'herpétologie. La maitrise des connaissances sur la biologie, l'écologie et la protection des reptiles et amphibiens sont le seul moyen d'acheter en toute conscience et de se conduire, non pas en citoyen passif qui répond sans cesse « je savais pas », mais en citoyen conscient de la portée de ses actes et capable de jugement autonome et critique. Malheureusement dans une société où on veut tout avoir sans effort, acquérir de nouvelles connaissances surtout liées à la science, c'est trop « prise de tête ».
Autre conséquence de ces achats impulsifs ou mal renseignés, c'est l'abandon des reptiles dans la nature: là encore la tortue dite de Floride est un cas d'école. Ne sachant plus que faire des ces tortues qui ont grandit, les gens les ont relâchées dans la nature. Cette tortue nord-américaine résiste à nos climats et se reproduit même naturellement, elle fait une féroce concurrence à la cistude d'Europe, la tortue aquatique autochtone qui est menacée. Dans le sud-est des USA, les abandons d'Iguanes ou de grands pythons asiatiques sont une véritable catastrophe écologique car ils prospèrent, menaçant la faune locale. Ces problèmes ont poussé le gourvernement américain à faire voter une loi qui réduit de manière drastique l'achat d'animaux exotiques.
Comment est-on arrivé à de telles dérives? L'élevage amateur d'animaux de terrarium existe depuis fort longtemps, les premières publications sur ce sujet datent de la fin du XIXème siècle. Dans les années 1960-70, la terrariophilie en France a commencer à se populariser, suivant de près sa cousine, l'aquariophilie. Les prélèvements dans la nature étaient la règle bien que ce commerce était encore marginal par rapport à aujourd'hui. Pourtant, cela avait déjà fait des dégâts sur des espèces fragiles comme les tortues terrestres. La réglementation internationale de protection des espèces menacées est apparue dans les années 1970. Le concept du reptile comme animal de compagnie (voire comme jouet!) est venu d'Outre-Atlantique dans les années 1980-90 avec comme précurseur la tortue dite de Floride. Des sociétés industrielles spécialisées dans la terrariophilie se sont créées et ont produits terrariums et accessoires en grande quantité. Le marketing a fait son œuvre et la terrariophilie est devenue une mode sans contrôle, sans interrogations quant à son impact sur la nature, une « démocratisation » aveugle... Le commerce animalier est un commerce libéralisé fort rentable qui se montre difficilement compatible avec l'éthique. Prévenir les clients de la responsabilité et de la difficulté de l'élevage d'un iguane c'est perdre 90% des clients potentiels. Mais restreindre l'accusation de chercher à faire du profit sur le dos de la biodiversité et du bien être animal à la seule terrariophilie serait très réducteur... c'est pourtant ce qui se fait. Elle semble être un bouc émissaire alors que c'est tout un système – loi comprise - qui considère l'animal comme un produit de grande consommation, que ce soit pour les chats, chiens, poissons, rongeurs, oiseaux...
Il y a aussi un buiseness amateur qui s'est mis en place. Des passionnés, qui ont « commencé petit », sans pour autant devenir éleveurs professionnels, et qui font aujourd'hui de juteuses affaires en vendant leurs animaux, soit fruit de leur élevage, soit achetés par-ci pour vendre par-là. Tout éleveur cherche à reproduire et à vendre ses animaux, car la terrariophilie est une passion couteuse. Toutefois, dans certains cas, l'intérêt lucratif de l'élevage amateur est devenu une priorité. L'animal n'est vu que pour ce qu'il peut rapporter, son confort, son bien-être, voire sa santé, sont secondaires par rapport à sa productivité. Une espèce n'a alors de valeur « sentimentale » qu'en lien avec sa « valeur pécuniaire », les discussions tournent plus autour du prix d'un animal que de l'état des populations dans la nature ou de l'observation de son comportement. Les terrariophiles naturalistes qui s'émerveillent d'une espèce qui ne « vaut que 20€ » sont alors regardés d'un air moqueur voire dédaigneux.
3 : Playdoyer pour une passion.
Alors, Le terrariophile est-il par nature un être inconscient ou pire, s'il est conscient des dégâts possible de sa passion, un maltraitant et un pilleur de la nature sans scrupules ? Faut-il interdire la terrariophilie? Mettons de côté les arguments purement anti-captivité considérant que tout animal détenu en captivité est inacceptable, car ils ne sont pas liés strictement à la terrarriophilie. Il s'agit là de savoir si parmi les élevages d'agréments, la terrariophilie constitue une discipline trop nuisible pour être encore légale. Nous avons vu que les arguments sont légions et souvent justifiés : il y a des dérives, il y a des « tarériophiles », on peut même se dire qu'ils sont nombreux... beaucoup trop. Ces comportements sont relayés par les médias et utilisés par les détracteurs de la terrariophilie, mais tout comme les habitants des quartiers et banlieues populaires s'insurgent du traitement médiatique qui est fait sur leur vie quotidienne, toujours perçue sous l'angle des émeutes ou de la délinquance, une bonne partie de la communauté terrariophile s'indignent des comportements irresponsables mais aussi de la caricature qui est faite de leur passion. Condamner tout terrariophile seulement parce qu'il est terrariophile sans regarder comment il pratique sa passion est injuste et totalitaire. De plus en plus de terrariophiles partagent ces critiques, condamnant les dérives de la terrariophilie comme mode ou certaines pratiques d'élevage « productivistes » et avant tout ceux qui en profitent. Mais tous les terrariophiles n'ont pas à être condamnés pour les excès de ceux qui exploitent le filon jusqu'à l'épuiser (et qui ne sont pas forcément terrariophiles!), tout comme on n'interdit pas la vente des voitures sous prétexte qu'il y a des chauffards. La loi devrait-elle plus encadrer la terrariophilie ? Certainement oui, mais ça ne doit pas se limiter à la seule terrarophilie, le commerce du vivant en général est à questionner. Il faut surtout souligner qu'aucune véritable campagne de sensibilisation sur la législation encadrant la terrariophilie, l'impact de l'achat du « sauvage » sur la biodiversité ou les connaissances nécessaires pour maintenir un reptile chez soi n'ont été lancées. Sensibilisation et formation sont quasiment nulles (sauf dans le cadre du certificat de capacité).
Non, la terrariophilie ne mérite pas d'être interdite car il est possible pratiquer une terrariophilie respectueuse de la biodiversité, du bien-être animal et qui ne voit pas dans les animaux que de reproducteurs qui peuvent rapporter un max de blé ! Il existe (encore) un amateurisme désintéressé qui s'accompagne d'une nécessaire érudition et un soucis du bien être animal. Il est vrai que, la terrariophilie est une des disciplines d'élevage d'agrément qui a le plus fort impact sur la biodiversité, elle pourrait ne pas l'être sans pour autant l'interdire. Elle a aujourd'hui les moyens de ne plus impacter les populations sauvages ou alors de manière négligeable (captures encadrées dans le but de créer de souches captives ou de renouveler le patrimoine génétique des souches captives existantes). Les reptiles et amphibiens peuvent être des animaux de compagnie à condition que leurs besoins soient assurés et que l'on ne considère plus l'animal comme un objet jetable. La sensibilisation du public profane mais aussi des terrariophiles est un aspect trop sous-exploité, il est important de communiquer, de faire la promotion des bonnes pratiques d'élevage qui intègrent la question éthique.
En conclusion, on peut se demander s'il n'y a pas aujourd'hui deux terrariophilies : celle de la mode, avec une masse de clients souvent inconscients et de ceux qui en profitent pour s'en mettre plein les poches ; et une terrariophilie désintéressée, critique, qui se soucie surtout du bien-être des animaux, qu'ils soient éleveurs ou simples particuliers qui ne possèdent qu'un animal. Certains d'entre eux, à l'ingéniosité débordante, ne ménagent pas leurs efforts pour fabriquer de magnifiques terrariums ou se nourrissent littéralement de toutes informations fiables sur l'espèce qu'ils affectionnent devenant de véritables spécialistes en la matière. C'est aussi ça, la terrariophilie (et en étant très subjectif, c'est celle-là que je trouve intéressante) : des gens consciencieux et qui font les choses bien ! Certains continueront à dire que éthique et terrariophilie sont deux notions paradoxales, mais comme le disait Rousseau: « j'aime mieux être homme à paradoxes qu'homme à préjugés ».
Vincent Noël - http://tiliqua.wifeo.com - 3 juillet 2012.
Lamprolepis smaragdina.