Les Iguanes verts : Genre Iguana
 
Vincent NOËL
Iguana iguana mâle, remarquez l'énorme écaille circulaire sous la mâchoire, elle est absnet chez I. delicatisima

L’Iguane vert, un majestueux lézard au caractère bien trempé, image même de l’iguane, symbole de l’exotisme mais aussi des dérives du commerce animalier et de la mode : iguanes tenus en laisse, qui se baladent dans l’appartement ou qui une fois grands deviennent encombrants…
 
Le plus connu des iguanes est l’iguane vert ou iguane commun, Iguana iguana, mais le genre Iguane est composé de deux espèces, l’autre étant l’iguane des Antilles, Iguana delicatissima. Tous deux sont de grands lézards arboricoles, arborant une crête sur la nuque et le dos, surtout développée chez les mâles, un fanon gulaire qui pend sous la gorge, de longues pattes griffues, une longue queue aplatie latéralement qui leur sert de pagaie quand ils nagent et de fouet quand ils sont agressés et une coloration verte.
 
L’histoire taxinomique du genre Iguana est complexe, il a fait l’objet de nombreuses révisions notamment Iguana iguana qui est bardé de synonymes parfois étranges. C’est Linnée qui le décrivit en premier sous Lacerta igvana. Laurenti, en 1768, le nomme Iguana turberculata, créant le genre Iguana. Les premières descriptions sont confuses avec de nombreuses erreurs, le genre Iguana était également plus vaste, incluant de très nombreux lézards américains.
 
Iguana iguana :
 
L’iguane commun vit depuis le sud du Mexique au nord de l’Argentine. Des populations introduites se développent en Floride et dans toutes les caraïbes. Certaines populations Caraïbes auraient déjà été introduites par les amérindiens peu avant l’arrivée des européens, d’autres sont d’introduction récente. Deux sous-espèces : I. i. rhinolopha (se distingue par une petite corne sur le museau) et I. i. iguana.
 
L’Iguane vert ou Iguane commun peut dépasser 150 cm notamment les mâles qui peuvent atteindre 2m. Les femelles sont plus petites et excèdent rarement 130 cm. Le poids d’un mâle adulte dépasse 3kg, celui d’une femelle se situe autour de 2 kg. La queue occupe les deux tiers de cette dimension. On trouve des variétés d’Iguana iguana « blue diamonds » ainsi que d’impressionnants iguanes rouges.
 
Ce grand lézard est arboricole, même si les adultes peuvent passer plus de temps au sol, notamment dans les zones dégagées ou buissonneuses, leur poids les empêchant de grimper sur des arbres trop frêles. C’est une espèce diurne, héliophile, qui passe de longs moments à se réchauffer au soleil pour augmenter la température de son corps. Dans les forêts épaisses il peut monter au sommet de la canopée pour atteindre les rayons ardent de Ra.
 
Essentiellement végétariens, les iguanes verts se nourrissent de feuilles, de fleurs et de fruits. Ils sont opportunistes et n’ont pas peur des humains, on les retrouve parfois en ville dans les parcs publics ou dans les zones touristiques où ils dévirent les restes de nourriture laissées par les touristes et les habitants… de vrais pigeons à quatre pattes ! Il a été observé des iguanes se nourrissant de plantes réputées toxiques, on pense qu’ils ont développé des résistances à certaines toxines.
 
Ce sont des animaux sociaux, les femelles vivent ensemble sur un vaste territoire dont la taille dépend surtout des ressources alimentaires qu’il contient. Les mâles, très agressifs entre eux, occupent un territoire plus restreint, souvent en marge du territoire des femelles mais le surplombant, pouvant ainsi guetter toute intrusion d’un autre mâle. Les femelles en revanche sont libres d’aller où bon leur semble, le même se fait que s’incruster là où elles vivent d’ordinaire et de surveiller cette zone. Si un autre mâle adulte pénètre dans le territoire des femelles, le mâle qui le surveille intervient, il s’en suit des intimidations à coup de hochements de tête, gueule ouverte et si le message n’est pas assez intimidant, c’est la bagarre. Les jeunes mâles, qui n’ont pas encore développé tout l’attirail typique de l’iguane mâle et ressemblent à s’y méprendre à des femelles, parviennent à les approcher sans déclencher de réaction agressive du mâle qui ne s’aperçoit pas que c’est un rival ; Ils se retrouvent ainsi avantagé pour s’accoupler avec les femelles… avantage qui ne durera pas, en grandissant, le stratagème ne fonctionnera plus. Les femelles entre elles sont généralement pacifiques mais loin d’être partageuses ! En effet, pour un fruit ou un reste de sandwichs, elles se battent, de même pour un emplacement de ponte quand ils sont rares.
 
La période des accouplements se déroule en général pendant la saison sèche ou en fin de saison humide, sa durée est inégale selon les localités, en fonction de la durée de la période sèche. L’idéal étant que les jeunes éclosent au début de la saison humide pour profiter d’une végétation vigoureuse. Les femelles pondent souvent au même endroit d’une année sur l’autre, des pontes communautaires ont été observées, elles privilégient des endroits ensoleillés et à la terre meuble. Le nid est souvent profond et la ponte comprend entre 20 et 80 œufs de petite taille. Les jeunes mesurent en général 20 à 25 cm de longueur totale à la naissance. Le taux de mortalité la première année est très élevé, principalement du fait de la prédation (rapaces, serpents…)
 
L’iguane vert est en annexe II de la convention de Washington, malgré une très vaste répartition et une capacité de reproduction importante, il a été longtemps menacé car chassé pour sa chair et sa peau qui était utilisée en maroquinerie. Le commerce d’iguanes vivants arrivera plus tard et rapidement des fermes d’élevages se créent et exportent des iguanes sans toucher aux populations sauvages qui se sont rapidement reconstituées. Toutefois, les populations locales chassent encore l’iguane, pour sa chair ou ses œufs très prisés. Dans d’autres cas l’Iguane peut devenir une espèce invasive : agressif et dominateur, il a aussi une forte tendance à s’accoupler avec d’autres espèces. Des espèces d’iguanes noirs (Ctenosaura spp.) insulaires ont fait les frais de l’introduction de leur cousin vert, de même l’iguane des Antilles souffre de cette concurrence.
 
En captivité, cet iguane a besoin de beaucoup de place, un terrarium de 2 m² au sol (200x100 cm) et 2 mètres de haut est un minimum. Il sera de type tropical humide avec un grand bassin d’eau car ce lézard aime se baigner. Il faudra également de puissants éclairages et chauffage pour arriver aux 28-32°C nécessaire dans  terrarium et 40°C au point chaud. Contrairement à ce que certains vendeurs en animaleries disent, un jeune iguane ne restera pas petit si on le met dans un petit terrarium… ce genre de conseils sont purement et simplement des conseils de maltraitance. L’achat d’un iguane vert n’a rien d’un acte anodin, il faut réfléchir à long terme et surtout ne pas compter sur une éventuelle vente rapide s’il devient trop encombrant. Ces petits lézards vendus en animalerie une bouchée de pain peuvent devenir agressifs avec l’âge, ce ne sont pas des lapins nains !!! De même, leur place n’est pas en liberté dans un appartement, leur physiologie est adaptée à un climat tropical humide qui, dans nos pays tempérés, ne peut être reconstitué qu’en terrarium. Là aussi, maintenir un iguane vert en liberté dans un appartement, le nourrir de « boites pour chien » ou de pâtes et autres aliments non conformes à son régime strictement végétarien c’est de la maltraitance. Plus d’infos sur l’élevage : www.iguanevert.fr
 
Iguana delicatissima :
 
Cette espèce des petites Antilles est plus petite que l’Iguane vert, mesurant 150 cm maximum. Elle se distingue d’Iguana iguana surtout par l‘absence de la grande écaille subtympanique sous l’oreille et la présence d’un alignement d’écailles plus grandes sous la lèvre inférieure, sinon elle lui est très ressemblante, ces deux espèces pouvant s’hybrider. La cohabitation avec l’Iguane vert se fait en général au détriment de l’Iguane des Antilles qui est une espèce menacée.
 
En effet, ce lézard apprécié pour sa chair a été intensivement chassé. Aujourd’hui l’espèce est partout protégée (même si du braconnage persiste), mais il reste menacé par la destruction de son habitat et l’expansion d’Iguana iguana. A cela s’ajoute l’introduction de mangoustes, chats, chiens, rats et autres prédateurs introduits qui s’attaquent surtout aux jeunes et aux pontes. Le trafic routier est également meurtrier.
 
Les petites Antilles étaient autrefois exemptes d’Iguanes verts, seul l’Iguane des Antilles y prospérait. On le rencontrait sur toutes les îles de l’arc antillais mais depuis il a disparu de plusieurs îles comme Saint-Martin, Saint Christophe, Marie-Galante, Antigua et la Barbade.
 
En Martinique, il n’est plus présent que sur l’îlet Chancel et l’ilet à Ramiers où il a été introduit en 2006. La population de l’îlet Chancel compte un milliers d’individus. En Guadeloupe, la population de Petite-Terre est encore assez importante. Il était également abondant aux Saintes mais la population est aujourd’hui en sérieux déclin. On le trouve encore sur l’île de la Désirade, et de Guadeloupe (Basse et Grande Terre) mais l’iguane vert est également massivement présent. On en trouve également à Anguilla et surtout à la Dominique (avec la plus grosse population : 10 à 15 000 individus), deux îles indépendantes, ainsi que sur Saint-Eustache (île sous administration des Pays-Bas).
 
L’IUCN considère l’espèce comme en danger d’extinction. Aux Antilles françaises, un plan national d’action est mis en œuvre en faveur de ce lézard : Télécharger (PDF)

Sources et bibliographie :
 
  • Bosch H. & H. Werning, 1991. Green iguanas and other iguanids. TFH publications.
  • Burghardt G. M. & A. S. Rand – 1982. Iguanas of the world. Noyes Press.
  • Collectif – Situla spécial Iguanidés. Revue de l’association française de terrariophilie.
  • Pianka E. R. et L. J. Vitt 2005. Lizards, windows to the evolution of diversity. University of California Press.
  • Rogner M. 1997 – Lizards volume 1. Krieger publishing.
 
Lien internet :
 
Tiliqua, site consacré aux lézards. ISSN 2118-5492 - mars 2013.
http://tiliqua.wifeo.com
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