Les Iguanes du genre Sauromalus ou Chuckwallas
Vincent NOËL
Photo: S. ater mâle variété "red back".
On compte 5 espèces de
Sauromalus aussi nommés « chuckwallas ». Le cas de
S. obesus et
S. ater donne souvent lieu à des confusions. Longtemps considérées comme deux espèces différentes,
S. obesus est en réalité un synonyme de
S. ater.
Tous les Chuckwallas sont des animaux terrestres, qui apprécient les zones rocheuses et s’abritent dans les anfractuosités des rocailles. Ils vivent dans les régions arides du sud-ouest des Etats-Unis et du nord-ouest du Mexique en particulier dans les îles de la mer de Cortès (Baja California). Ce sont des lézards corpulents et au corps assez plat, sans crêtes ni fanons, aux pattes courtes, à la queue cylindrique et courte en comparaison avec les autres iguanes. Ce ne sont pas des canons de beauté sauf les mâles « red back » de
Sauromalus ater dont le corps est noir et le tronc est orange. D’autres ont le corps entièrement noir mais la queue elle, est orange vif. Ces colorations masculines s’intensifient lors de la saison de reproduction et sous un éclairage intense. Leur comportement en revanche est fort intéressant, les sujets nés en captivité sont peu farouches voire même franchement curieux. Dans la nature ce sont des animaux sociaux, le mâle vit seul avec plusieurs femelles sur un territoire qu’il défend.
La plupart de ces lézards sont très thermophiles, ils s’exposent au soleil tôt le matin, leur coloration sombre accélère la montée en température puis ils s’activent à la recherche de nourriture : feuilles, fruits, fleurs et aussi cactus épineux. Dans la journée, malgré la chaleur, ils sont observés sur les rochers à prendre des bains de soleil.
Selon les régions, ces lézards sont totalement inactifs en hiver (généralement d’octobre à mars), les accouplements se déroulent au printemps, les pontes au début de l’été. En cas de pénurie de nourriture, notamment de printemps trop sec (dans ces régions désertique du sud-ouest de l’Amérique du nord les pluies printanières permettent une explosion végétale, le paysage change en quelques jours se recouvrant de plantes à fleurs), les pontes sont réduites voire inexistantes.
Sauromalus ater DUMÉRIL, 1856.
C’est l’espèce la plus répandue car continentale. On la retrouve à l’extrême sud-ouest des Etats-Unis et le nord-ouest du Mexique, elle est égaleùment présente sur de nombreuses îles du Golfe de californie où elle a parfois été introduite. Il vit dans les zones rocheuses et peut-être observé toute la journée. En hiver en revanche, il ne sort pas de son abri, dans el nord de sa répartition les hivers peuvent être froids et ne permettent plus aux animaux de rester actifs surtout qu'il s'agit d'une espèce très thermophile. Il mesure 40-45 cm de longueur totale, mâles et femelles ont une coloration différente, les juvéniles sont gris clairs barré de noir sur le dos et la queue. La coloration des adultes est très variable selon l'origine géographique et la sous-espèce. On trouve différentes variétés de colorations naturelles, la plus impressionnante étant la « red back », les mâles sont entièrement noirs sauf le dos qui est rouge à orange. Les mâles moins colorés sont brun foncé, le dos est sable à orange. Cette coloration s’intensifie néanmoins lors de la période de reproduction mais aussi selon la température voire l’intensité lumineuse. Les femelles sont plus ternes, uniformément grises à brunes. Les juvéniles on une coloration différente, ils sont gris à brun clair avec des bandes sombres transversales sur la queue et le dos, celles-ci s’estompent avec l’age.
Sa classification est complexe et très débattue, des sous-espèces ont été identifiées mais sont contestées. Selon Reptile-database, il y aurait 5 sous-espèces valides:
Sauromalus ater ater DUMÉRIL 1856
Sauromalus ater shawi CLIFF 1958
Sauromalus ater multiforminatus (TANNER & AVERY 1964)
Sauromalus ater townsendi DICKERSON 1919
Sauromalus ater tumidus SHAW 1945
Sauromalus hispidus STEJNEGER, 1891.
Cette espèce vit sur l’ile Angel de la Guardia dans le golfe de Californie (Bahia California, Mexique). Cette île inhabitée et aride de 930 km² carrés est aujourd’hui une réserve naturelle. Elle mesure 69 km de long avec des pics rocheux pouvant dépasser 1 000 m d’altitude.
S. hispidus est la plus grande du genre, pouvant atteindre 65 cm pour 1,4kg. Il doit son nom – chuckwalla épineux – aux petites écailles épineuses ornant sa nuque. Sa coloration est plutôt terne : brun clair à gris foncé, mais il impressionne par sa taille. Dans la nature, cette espèce vit souvent en groupe généralement composées de plusieurs femelles occupant le même abri et d’un mâle. L’agressivité entre individu est très faible voire inexistante, seuls les mâles se livrent à des séances de « head bobbing », de hochements de tête pour s’impressionner mutuellement et délimiter leurs territoires. C’est une espèce que l’on voit parfois en captivité et qui est assez bien reproduite.
Sauromalus klauberi SHAW, 1941.
Vit sur l’île de Santa Catalina dans le Golfe de Californie. Sa coloration est assez proche de
S. hispidus mais le corps est parsemé de petites tâches sombres très proches les unes des autres. La gorge et jusqu’au début de la poitrine est marquée de lignes longitudinales sombres. Comme chez
S. ater, le corps des juvéniles et marqué de bandes transversales ainsi que d’une bande noire derrière l’oeil. Les mâles atteignent 20 cm de longueur museau-cloaque.
Sauromalus slevini VAN DENBURGH, 1922.
Espèce vivant sur les îles Montserrate, Carmen et Soronados dans le Golfe de Californie. Uetz (2013) la défini comme morphologiquement intermédiaire entre
S. ater et
S. hispidus. De taille similaire à
S. klauberi, la coloration est plus claire et les écailles du dos différentes. Chez les juvéniles, les bandes sombres sur la queue sont bien moins marquées voire absentes. Comme
S. klauberi, c’est une espèce rare, peu connue et quasi introuvable en captivité.
Sauromalus varius DICKERSON, 1919.
Ile de San Esteban, dans le Golfe de Californie. Cette île aride de 40 km² fut habitée par les indiens Seri.
S. varius est une espèce menacée, elle fut chassée par les Seri et servit de nourriture mais ce n’est pas la seule cause de son déclin, l’introduction de rats, de chats et de chiens en est également responsable. Elle fut également exportée pour le commerce du vivant (aujourd’hui interdit car classée en annexe I de la CITES). Intégralement protégée, tant que son île l’est aussi, elle est hors de danger. On peut trouver en Europe ou aux USA des spécimens hybrides
varius x
hispidus ce qui est très regrettable. Le nombre de particuliers qui élèvent cette espèce est très réduit, on la rencontre également dans quelques zoos et vivariums publics. Cette espèce peut dépasser 30 cm de longueur museau-cloaque pour 45-50 cm de longueur totale. On la reconnait à sa livrée claire, de couleur sable à orange, parsemée de marques sombres. La gorge est dépourvue de rayures, la poitrine est marquée de petites taches sombres. En hiver, les lézards passent plus de temps dans leurs cachettes, mais ils s’exposent au soleil quelques heures par jour et reste relativement actifs.
En captivité, les Chuckwallas sont à héberger comme les agames du genre
Uromastyx : dans de vastes terrariums de type sec (150x60 cm de base), peu hauts car ils ne grimpent pas, avec un décor rocheux très stable ou de fausses roches disposant de nombreuses cachettes. Un éclairage et un chauffage puissant sont vitaux, on utilisera des ampoules type vapeur de mercure ou HQI diffusant des UV et permettant une température au point chaud de 45-50°C, et 30-35°C dans le reste du terrarium. Ils sont exclusivement végétariens, on leur donne essentiellement des feuillages et des fleurs. Pour en savoir plus sur leur élevage:
http://www.bebesaurus.com/fiches_d-elevages/sauromalus_ater-c-2_127.html
Pour une identification précise des différentes espèces de Sauromalus, voir le livre de L. L. Grismer (2002) « Amphibians and Reptiles of Baja California » chez Univeristy of California Press.
Sources et bibliographie :
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Bosch H. & H. Werning, 1991. Green iguanas and other iguanids. TFH publications.
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Burghardt G. M. & A. S. Rand – 1982. Iguanas of the world. Noyes Press.
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Grismer L. L. 2002. Amphibians and Reptiles of Baja California. University of California Press.
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Pianka E. R. et L. J. Vitt 2005. Lizards, windows to the evolution of diversity. University of California Press.
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Rogner M. 1997 – Lizards volume 1. Krieger publishing.
Lien internet :
Tiliqua, site consacré aux lézards. ISSN 2118-5492 – Volume 3. mars 2013.
http://tiliqua.wifeo.com
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