Les Gerrhosauridés.

Vincet NOËL 03/12/2017

La famille des gerrhosauridés est scindée en deux sous-familles géographiquement bien séparées :
  • Les gerrhosaurinés qui vivent sur le continent africain avec les genres :
    • Broadleysaurus – 1 espèce
    • Cordylosaurus – 1 espèce
    • Gerrhosaurus – 7 espèces.
    • Motabosaurus – 2 espèces
    • Tetradactylus – 7 espèces
  • Les zonosaurinés, vivant à Madagascar :
    • Tracheloptycus – 2 espèces
    • Zonosaurus – 17 espèces.

Motabosaurus validus (Bernard Dupont - wikimedia commons)

Au sein des gerrhosaurinés, le genre Gerrhosaurus a vu certains de ses membres être classés dans des genres distincts car ils ne semblent pas partager le même ancêtre commun que les Gerrhosaurus au sens strict. Ainsi, Gerrhosaurus major est devenu Broadleysaurus major, en hommage à Donald Broadley, grand herpétologiste spécialiste de la faune africaine décédé en mars 2016. Les deux plus grandes espèces de Gerrhosaures, Gerrhosaurus validus et G. matzhami ont été classées dans le genre Motabosaurus. Quant à Angolosaurus skoogi, longtemps seul représentant de son genre, il a rejoint le genre Gerrhosaurus en 2003 avec Lamb et al. qui ont mené une étude génétique montrant qu’il était suffisamment proche des autres espèces du genre Gerrhosaurus pour y être inclus.

Ces lézards ont un corps plutôt massif, ils mesurent entre 30 et 70 cm de longueur totale. Beaucoup d’espèces arborent des motifs assez similaires, avec très souvent deux lignes claires parcourant les bords du dos, la distinction entre espèce n’est pas toujours facile.

Cordylosaurus subtesselatus, seule espèce de son genre, est un petit lézard élancé qui arbore une coloration faisant penser aux scinques africains du genre Trachylepis : un corps rayé de noir et une queue bleue. Son nom pourrait faire penser qu’il s’agit d’un cordylidé, mais il n’y a pas d’erreur, c’est bien un gerrhosauridé.

Les représentants du genre Tetradactylus montrent les différentes physionomies et étapes liées à la régression des membres. Certains possèdent quatre pattes bien développées et munies de longs doigts, alors que d’autres, au corps serpentiforme, n’ont plus que des reliques de pattes dépourvues doigts. Ces lézards très agiles et rapides se déplacent par reptation, chassant activement les insectes.

Tetradactylus seps (Luke Kemp - Wikimedia commons)

On compte 19 espèces des gerrhosaurinés et autant de zonosaurinés. Ces derniers sont endémiques de Madagascar et représentés par deux genres : Zonosaurus et Tracheloptycus.

Les zonosaurinés sont terrestres, à l’exception du très beau Zonosaurus boettgeri, entièrement vert et marqué de taches noires, qui a des meurs arboricoles. Quant au grand Z. maximus, il vit près des cours d’eau dans lesquels il aime faire régulièrement trempette. Les autres espèces vivent dans les régions sablonneuses des régions sèches ou les sous-bois des forêts sèches ou humides. Les Zonosaures sont généralement des lézards au corps robuste, la tête peut-être large ou plus fine et conique selon les meurs plus ou moins fouisseurs. Comme chez Gerrhosaurus spp., de nombreuses espèces se ressemblent beaucoup, arborant elles aussi deux lignes claires bordées de noir courant sur le dos.
 

Zonosaurus madagascariensis (Bobo11 - wikimedia commons)

En 2013, Recknagel et al. se sont penchés sur la phylogénie des gerrhosauridés malgaches. Ils ont défini trois principales lignées au sein du genre Zonosaurus : les groupes Z. rufipes, Z. ornatus et Z. madagascariensis. Le cas du genre Tracheloptycus reste plus ambigu, certaines données le montrent comme un groupe frère du genre Zonosaurus, d’autres comme faisant partie du genre Zonosaurus. Les zonosaurinés sont un groupe monophylétique (Raselimanana et al. 2009) : tous proviennent d’un même ancêtre commun et d’une même souche venue d’Afrique qui aurait débarquée à Madagascar au paléocène/début du miocène, ils n’ont donc pas dérivé avec Madagascar qui s’est détachée de l’Afrique il y a 160 millions d’années.

Les Gerrhosauridés ne bénéficient pas d’une protection particulière au niveau mondial (CITES). Seules Tetradactylus udzungwensis et Zonosaurus subunicolor sont classés « en danger » par l’UICN. Plusieurs sont classées « vulnérables » comme Tetradactylus breyeri, T. fritzsimonyi, Trachelotycus petersi, Zonosaurus anelanelany, Z. boettgeri, Z. maximus et Z. quadrilineatus. Sont considérées comme « quasi-menacées » : Zonosaurus haraldmeieri et Z. rufipes. A noter que certaines espèces à répartition très restreinte ou qui font l’objet d’un important commerce comme B. major ou M. validus n’ont pas été évaluées par l’UICN. La destruction de leur habitat, particulièrement marquée à Madagascar mais aussi les captures pour le commerce animalier sont parmi les principales menaces qui pèsent sur ces lézards.
 
 



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