Les yeux des geckos sont généralement grands et globuleux, surtout les espèces terrestres. Hormis les eublepharidés, ils ne possèdent pas de paupière mobile, l’œil est recouvert d’une paroi translucide qui le protège, comme celui des serpents. Evidemment, l’absence de paupières mobiles fait qu’il est difficile d’en chasser les impuretés, les geckos utilisent leur grande langue charnue pour les nettoyer. Généralement nocturnes, les geckos possèdent une pupille fendue comme celle des chats, qui sous une forte luminosité se rétrécit pour n’apparaitre que sous forme d’un trait fin, et dans l’obscurité, s’ouvre pour occuper presque toute la surface de l’œil. Ces yeux ont évidemment une grande capacité voir en très faible lumière, bien qu’il faille toujours un peu de luminosité : celle du ciel étoilé ou de la lune suffit aux geckos à voir comme en plein jour, ces lézards utilisant essentiellement la vue pour observer leur environnement et chasser. Leur capacité à voir la nuit serait 350 fois supérieure à celle des yeux humains. Certains genres sont diurnes (Phelsuma, Pristurus, Sphaerodactylus, Lygodactylus…) et possèdent une pupille ronde.
Les espèces nocturnes ont souvent des colorations grises, brunes ou jaunes avec différents motifs (points, tâches irrégulières, bandes tresaversales…) qui leur permettent de se fondre dans leur environnement, la coloration ayant souvent un lien avec le sol ou la végétation de leur habitat. Passés maîtres dans le mimétisme, des geckos comme les Uroplatus ou les Phyllurus imitent à merveille l’écorce des arbres sur lesquelles ils passent la journée, parfaitement immobiles et invisibles. Les espèces diurnes sont souvent brillamment colorées, les Phelsuma par exemple sont généralement verts, aux couleurs de la végétation, ornés de tâches rouges, bleues…
Phelsuma grandis... Joli non? Les geckos occupent tous les milieux, beaucoup sont arboricoles ou rupicoles, vivant parmi les rochers ; un certain nombre sont terrestres et vivent soit sur la litière des forêts soit sur le sable du désert. L’Asie tropicale et l’Australie montrent une diversité impressionnante, mais on trouve aussi des geckos en Amérique, notamment en Amérique Centrale et aux Caraïbes, ainsi qu’en Afrique, à Madagascar et au sud de l’Europe. Les pygopodes, eux, sont essentiellement australiens, sauf Lialis jicari qui vit en Nouvelle-Guinée.
Tous les geckos et pygopodes se nourrissent d’insectes et autres arthropodes, occasionnellement de petits lézards. Certaines espèces complètent leur alimentation de nectar (Phelsuma par exemple) ou de fruits bien mûrs (Correlophus). De nombreux geckos montrent une forte appétence pour tout ce qui est sucré : Chritinus guentheri, petit gecko originaire des îles Lord Howe et Norfolk (Australie) est parfois observé mettant le nez dans des sachets de sucre.
Tarente mangeant un papillon de nuit: les geckos chassent souvent près des éclairages artificiels qui attirent les insectes.
Les lézards diurnes régulent leur température interne en s’exposant ou en s’abritant des rayons du soleil. Leur corps n’est jamais exactement à la température de l’air ambiant. Ils parviennent, en jouant sur les différences de température et l’exposition au soleil, à faire varier leur température corporelle selon leurs besoins. Le matin par exemple, afin de mettre leur métabolisme « en route », ils passent de longs moments à s’exposer au soleil réchauffant leur corps au-dessus de la température de l’air ambiant. La nuit, évidemment, pas de soleil ! La température est homogène. Les lézards diurnes passent la nuit dans leurs abris, la température de leur corps est identique à celle de l’abri, mais cela n’a pas d’importance : ils dorment et n’ont pas besoins de faire varier leur température corporelle. Pour les geckos nocturnes c’est l’inverse. Même si en début de nuit ils peuvent profiter de la chaleur résiduelle des roches ou du sol irradié par le soleil quelques heures plus tôt, les possibilités d’augmenter leur température corporelle par rapport à celle de l’air ambiant sont réduites voire nulles. Leurs besoins en chaleur sont moins important que ceux des lézards diurnes, et leurs permettent d’être actif et de chasser. Mais la digestion reste une activité métabolique gourmande en énergie, donc en chaleur. Ainsi, certains geckos nocturnes vont passer leur journée dans des abris chauds, bien exposés au soleil tout en restant dissimulés. Les espèces passant leur journée sur les écorces des arbres ou sous les feuilles vont également profiter de la chaleur diurne pour digérer tout en se reposant.
En captivité, un débat récurrent porte sur la nécessité ou non d’apporter un éclairage UV aux geckos nocturnes vu qu’ils sont nocturnes. On pourrait par conséquent croire qu’ils ne s’exposent jamais aux rayons du soleil, ce qui n’est pas vrai : en effet, certains geckos passent leurs journée à découvert, sur un tronc d’arbre ou un rocher, leur camouflage les faisant passer inaperçu, mais ils se trouvent bel et bien à l’air libre, exposés à la lumière solaire. Même les espèces qui trouvent refuge dans des abris comme des terriers ou sous des rochers, font sporadiquement de brèves sorties en journée, notamment le matin ou le soir. Quelques minutes d’exposition au soleil suffit pour que la synthèse de la vitamine D3 se fasse via les UV B, il est donc probable que les geckos nocturnes profitent régulièrement à ces UV même si c’est fugace.
Malgré que cette tarente soit nocturne, elle passe de longs moments à découvert, profitant du soleil.
La proximité des habitations humaines ne dérangent souvent pas ces lézards opportunistes et très adaptables. Aux Antilles, Hemidactylus mabouia vit souvent autour et dans les maisons, de même que le grand gecko tokay (Gekko gecko) en Asie tropicale ou encore la Tarente de Maurétanie (Tarentola mauritanica) dans le sud de la France. Ces trois espèces, comme d’autres, ont poussé leurs affinités avec notre société au point d’avoir profité des moyens de transports humains pour se disperser. La Tarente de Maurétanie est par exemple signalée à Toulouse d’où elle n’est pas originaire, sans doute embarquée dans des camions en provenance de la Côte d’Azur. H. mabouia s’est dispersé via les navires de commerce et ce depuis des siècles, colonisant de nombreuses îles à travers le monde. Cette dispersion peut se faire avec des juvéniles ou des adultes cachés dans une palette de parpaings, un arrivage de plantes ou une cale de navire ; ou par les œufs. Car si certains geckos pondent dans le sol, beaucoup pondent des œufs adhésifs qu’ils accrochent sur les troncs, les roches, les feuillages et autres supports aériens. Ces pontes se retrouver donc embarqués pour un voyage plus ou moins long avec un avantage sur les juvéniles et adultes : ils n’ont pas besoin de trouver de la nourriture, nourris-logés dans leur œuf. Les geckos sont néanmoins peu prolifiques, une femelle ne pond qu’un ou deux œufs, mais elle pond plusieurs fois dans l’année. Rares sont les espèces vivipares : celles du genre Hoplodactylus, Naultinus ainsi que Rhacodactylus trachyrhynchus.
Naultinus elegans (Photo Tony Wills - Wikimedia commons)