Observer les lézards de France... suite.

Couple de Lézard des murailles, une espèec que l'on peut voir toute la journée par beau temps.

Le bon moment ?
 
En général, le matin est le meilleur moment, entre 7 et 10h selon la saison et la température. Les lézards se réchauffent alors au soleil pour faire monter leur température corporelle et se montrent plus volontiers. Mais ce moment où ils sont plus « accessible » peut durer très peu de temps, surtout en été, et dès qu’il fait trop chaud, beaucoup se font plus discrets. Il faut donc savoir se lever de bonne heure. Des lézards comme le Lézard vert ou le Lézard des murailles, restent souvent plus longtemps et s’exposent parfois au soleil en plein après-midi d’été. Lorsque le temps est couvert, beaucoup de lézard resteront dans leur abri et ne sortiront pas. L’orvet, lui, fuit les grosses chaleurs, en revanche, il aime sortir après un orage car de nombreuses proies qu’il affectionne comme les lombrics sont aussi de sortie.
 
L’été n’est néanmoins pas la meilleure saison pour observer des lézards, le printemps, de mars à juin, reste la période idéale. Non seulement parce que les lézards restent plus longtemps à se réchauffer au soleil, mais aussi parce que c’est la saison de reproduction, ils sont donc plus actifs. Les femelles gravides s’exposent longuement au soleil, chassent intensément ; les mâles courtisent ces dames, se déplaçant beaucoup pour les trouver et font les « fier à bras » sur des promontoires pour marquer leur territoire. Pour la plupart des lézards, notamment els lacertidés, il y a une forte fidélité à ce territoire, d’un jour à l’autre on retrouve facilement les mêmes spécimens au même endroit. Les espèces comme l’Orvet ou le Seps sont plus vagabondes ou du moins, elles ne se montrent pas juchés sur un  promontoire comme le fait le Lézard des murailles et se déplacent discrètement sur un territoire de chasse assez vaste.
Orvet fragile sur un chemin à découvert tôt le matin : le meilleur moment pour observer les lézards.
 
Les observer, les photographier.
 
Il faut avoir bon œil pour « chasser le lézard » car il arrive souvent, qu’en se promenant sur un chemin, on n‘entende d’un lézard de souches que le bruissement des feuilles signe qu’il s’est échappé à vos pieds. Il faut donc être observateur, tenter de repérer de loin les endroits où les lézards peuvent se trouver : un rocher, un tas de bois, une trouée dans les ronces au bord du chemin, un objet plat et assez grand posé au sol sous lequel aiment se dissimuler serpents et orvets…
 
On assimile généralement les jumelles aux ornithologues, mais elles sont également utiles aux herpétologues notamment pour observer à plusieurs mètres de distance un talus, une trouée dans la végétation et repérer un lézard avant de tenter une approche. On prendra des jumelles dont la distance minimale de mise au point est courte, ainsi, on pourra aussi observer la bestiole de près, sans trop s’en approcher et observer des détails à 2-3 m de distance. Certains constructeurs constructeur indiquent des distances minimales de mise au point de 2 à 3 m, plus rarement 1,5 m. Malheureusement, sauf pour les très haut de gamme, la qualité de l’image et le confort de vue n’est pas toujours bon à si courte distance car elles ne sont à la base pas faites pour voir un objet proche. On conseille des jumelles avec un grossissement et une ouverture pas trop élevés : 8x20 ou 8x30 par exemple. Pour l’observation de près, les Pentax Papilio sont idéales, notamment les 8,5x21. Leur distance de mise au point est de seulement 50 cm ! Le « must » pour les insectes et les reptiles. Seul défaut, la housse est très mal faite (j’ai acheté une housse pour petits appareils photos en remplacement) et il n’y a pas de cache à l’avant pour protéger les jumelles. Il y a aussi des macroscopes et des monoculaires comme les Minox Makroskop.


Une fois un lézard repéré, pas facile de savoir quelle est la limite au-delà de laquelle il va décamper. Cela dépend de votre approche, de votre patiente (s’arrêter dès que le lézard semble réagir) et aussi de l’heure : le matin étant là encore le moment idéal où les lézards se montrent moins vifs. Ainsi, si les bonnes conditions sont réunies on peut s’approcher d’un lézard des murailles ou d’un lézard des souches à moins d’un mètre. Jumelles ou appareil photo avec un objectif de longue focale sont les bienvenus, surtout l’après-midi ou avec des espèces plus farouches (ou un herpétologue impatient). Sinon, y’a la méthode du poireau : se poser près de là où s’est caché le lézard et attendre qu’il ressorte. Evidemment il ne faut pas coller son nez devant le trou, un distance minimale est à respecter, et surtout il faut rester immobile, au ras du sol, éviter les couleurs trop voyantes et attendre… attendre… attendre… Ca peut durer très longtemps ! Surtout si le lézard a une autre sortie et est en train de bronzer tranquillement de l’autre côté du mur !
 
Côté photo, si vous avez un réflexe, un objectif 100 mm macro ou 150 mm macro seront les bienvenus Un 50 mm macro ne vous servira à rien, vous ne pourrez pas vous approcher assez pour bien photographier l’animal, et même avec un 100 mm c’est souvent limite. Avec un compact ou un bridge on peut aussi faire de bonnes photos. Ces clichés seront utiles pour l’identification précise d’espèces comme P. liolepis qu’on peut confondre avec P. muralis et, en cas de découverte d’une espère dans une localité inconnue, c’est une preuve importante (à condition d’y adjoindre une localisation précise). Optez pour la résolution maximale afin de pouvoir zoomer sur des détails comme les écailles de la tête. Bien entendu, on peut se mettre à l’affut, bien caché derrière un buisson, un mur ou un filet de camouflage pour observer un talus où grouillent nos petites bêtes à écailles… On peut alors observer leur comportement, mais il faut être patient, les lézards font souvent de loooooongues pauses entre deux déplacements, il faut donc être confortablement installé. Ceux qui ont un jardin dont un recoin rocheux sert de « terrain de jeu » aux lézards ou que ceux-ci ont l’habitude de gambader sur la terrasse, il est facile de se trouver un point d’observation régulier et de suivre l’évolution des petits habitants du jardin. Ces animaux étant casaniers, en général, on observe les mêmes sujets, on peut voir les petits de l’année… En revanche, chats et lézards ne font pas bon ménage.

 
On ne touche qu’avec les yeux !
 
La capture de la plupart des espèces de reptiles autochtones est interdite. Cela peut poser problème pour bien identifier une espèce, mais on peut y arriver aussi avec une bonne photo… Quand on soulève une dalle, une plaque de tôle ou autre objet sur le sol, naturel ou non, on le fait avec délicatesse, en regardant ce qu’il y a en dessous, on se dépêche de faire son cliché et hop, on remet le tout en place tout aussi délicatement. Si  on observe un début de panique chez les habitants, on referme vite pour éviter la dispersion.
 
Et dans mon jardin ?
 
Tout dépend du jardin : si c’est un jardin couvert de gazon tondu à ras avec deux conifères qui se battent en duel, aucune chance que des reptiles y élisent domicile sauf peut-être un jour une couleuvre à collier qui traverse la pelouse en vitesse de peur d’être choppée par un corbeau ou un faucon… Ou alors de se retrouver dans le journal, prise pour un terrible cobra échappé (si si, ça arrive). Les lézards adoptent les jardins où il y a beaucoup de végétation, des tas de feuillages laissés dans un coin, la proximité d’une forêt, d’un bocage ou d’une rivière, un bassin avec moult végétaux aquatiques… bref, qui ressemble plus à la nature qu’à un terrain de foot. Un vieux mur ou un tas de pierre partiellement couvert de ronces, de lierre ou simplement d’herbes hautes sera très apprécié. Mais rien ne garantit qu’il sera adopté, les lézards ne sont pas de grands colonisateurs ! En revanche, si vous avez un potager et des endroits pour s’abriter comme un tas de vieux bois, il y a des chances que des orvets y élisent domicile. Surtout ne les chassez pas, d’abord parce qu’ils sont protégés, ensuite parce que ce sont de très bons insecticides naturels, raffolant des limaces et chenilles. Orvet et Lézards du genre Podarcis sont ceux qui fréquente le plus les jardins, même si on peut parfois observer un lézard vert occidental, un lézard des souches, plus rarement un seps égaré… encore faut-il avoir un grand jardin…

 
Comme les serpents, les orvets sont souvent victimes de la route... et de la bêtise aussi, cet orvet a été volontairement
écrasé par des cyclistes sur une piste forestière. C'est pourtant UNE ESPECE PROTEGEE!

Sources:
Bour R. & coll. 2008 « Liste taxinomique actualisée des amphibiens et reptiles de France ». Bulletin de la Société herpétologique de France 126.
Lescure J. & C. De Massary 2012. Atlas de répartition des Amphibiens et reptiles de France. Biotopes/SHF
Vachez J-P & Geniez M. 2010 – Reptiles de France, Belgique, Luxembourg et Suisse. Editions Biotopes.
 Voir aussi les sites suivants:
- Société herpétologique de France : http://lashf.fr 
- www.herpfrance.com
- coronella
- Reptil'Var
V. Noël – http://tiliqua.wifeo.com - 23/01/2014.
ISSN 2118-5492
 



Créer un site
Créer un site