Zootoca vivipara - suite

Le cycle d’activité dépend de la longueur de l’hiver
, la sortie d’hibernation se fait de mars à mai selon le sexe et l’altitude ou la latitude. Les mâles émergent plus tôt que les femelles. Les accouplements ont rapidement lieu dès que les femelles sortent d’hibernation, en général dans les 3 semaines. Lors de la gestation, la femelle se déplace peu, elle cherche davantage à s’exposer aux rayons du soleil pour se réchauffer et accélérer le développent des embryons.

Les jeunes naissent (ou les œufs éclosent) au milieu de l’été. En France, c’est en juillet, plus tard en altitude (août). La durée d’incubation des œufs des populations ovipares dure 40 à 50 jours, la gestation de femelles vivipares dure 3 voire 4 mois. Une femelle met au monde 3 à 12 jeunes mesurant 37-44 mm. Chez les populations ovipares le nombre d’œufs est réduit : 5 ou 6. Chez les vivipares, le liquide amniotique où baigne l’embryon est protégé par une fine membrane. L’ensemble des œufs peut constituer 40% du poids d’une femelle en fin de gestation. Les jeunes se dispersent 10 ou 15 jours après la naissance. La femelle est déjà loin, elle les abandonne dès qu’ils sont nés, ne les aidant pas pour se débarrasser de leur membrane comme ça peut se voir chez certains scinques ovipares (Chalcides spp.). Seule une minorité de juvéniles part conquérir des territoires plus éloignés que les abords de leur lieu de naissance, mais cela ne dépasse généralement pas quelques centaines de mètres. Il a été observé que cette dispersion est corrélée à la corpulence des juvéniles à leur naissance, les plus robustes sont plus enclins à quitter le territoire. Cette morphologie des jeunes est elle-même est en lien avec les caractéristiques physiques de la mère et les conditions dans lesquelles s’est déroulée la gestation qui permettra de produire des jeunes plus ou moins robustes. La présence de la mère dans les environs du lieu de naissance aurait tendance à pousser les jeunes femelles à partir alors que les mâles resteraient.  Il a même été montré que les femelles adaptent la proportion de mâles et femelles dont elles donneront naissance aux conditions climatiques de leur habitat et à la population déjà existante : une gestion des naissances étonnante !

 

Femelle gestante (et parasitée par une tique)

Les jeunes entrent en hibernation plus tardivement que les adultes. Ils mesurent alors en général 7 à 8 cm. Selon les conditions climatiques, cette entrée en hivernation se déroule en septembre-octobre.

Une étude s’est penchée sur le cycle reproducteur de 13 populations sibériennes  (Oblast de Tomsk, dans les montagnes à l’ouest du lac Baïkal, près de Novgorod et au sud de l’Oural). Les premières sorties d’hibernation se déroulent lors de la deuxième ou troisième décade d’Avril, les femelles sortent 2-3 semaines plus tard que les mâles. Les accouplements ont lieu en mai-juin, les jeunes naissent en juillet. Cette étude a montré une corrélation entre la productivité des femelles, leur taille et le climat. Mais fondamentalement, on note que le rythme annuel d’activité est assez peu différent de ce qu’on observe en Europe de l’ouest où les conditions climatiques sont plus clémentes.

L’espèce s’avère plus sociable que d’autres lézards, mêmes les mâles semblent être assez peu territoriaux quoique des conflits peuvent éclater notamment en période de reproduction. Plutôt casanier, le territoire d’un individu fait en général 20 ou 30 m de diamètre, mais il y aurait des phénomènes de migration entre les zones de vie de la belle saison et celles pour l’hibernation.

La densité de population en Europe de l'ouest peut atteindre plusieurs centaines d'individus à l'hectare dans des favorables comme les tourbières. Mais elle chute drastiquement dans les parties septentrionales de sa répartition: Dans la Taïga sibérienne, on passe à 1,5 individu par hectare.

 

Parmi les menaces qui pèsent sur cette espèce il y a la disparition des milieux humides, souvent liée à l’agriculture ou à l’urbanisation. Il était sans doute plus commun par le passé mais aujourd’hui les populations sont fragmentées notamment en plaine.

Un autre phénomène pourrait réduire et morceler sa répartition : le réchauffement climatique. Des périodes de sécheresse intense ou plus longues mettraient à mal les zones humides de plaine. L’assèchement dû à une pluviométrie plus faible provoque des problèmes au niveau de la reproduction, les nouveau-nés sont moins nombreux et plus petits. Dans le cas des souches ovipares, l’incubation des œufs s’avère également étroitement liée à une forte hygrométrie. En montagne, les étages climatiques liés à l’altitude seraient repoussés vers des altitudes supérieures à aujourd’hui, les lézards étant obligés de gagner en altitude pour trouver des conditions favorables. Dans certains cas, les massifs ne seraient pas assez élevés et les milieux favorables disparaitraient. Dans d’autres, on assisterait à un morcellement des populations poussées vers les sommets et ne pouvant plus communiquer entre elles. Dans d’autres régions du monde comme la Sibérie, le réchauffement climatique pourrait étendre son aire de répartition vers le nord, mais la réduire au sud. Il a également été observé que le réchauffement climatique a tendance à avancer la mise bas des femelles mais entraine surtout une inhibition du comportement migratoire et de dispersion des individus risquant ainsi de créer un enfermement des populations et un appauvrissement génétique au fil du temps.

Que se soient sur les listes rouges mondiales ou nationales pour la France, Zootoca vivipara est en préoccupation mineure mais en déclin. Il est menacé dans certaines régions de France. C’est une espèce protégée.


Références :

Arnold N. & D. Ovenden. 2002. Le guide herpeto. Delachaux & Niestlé

Berman D. et al. 2016. How the most northern lizard, Zootoca vivipara, overwinters in Siberia. Polar Bio.
 
Fretey J. 1987. Guide des reptiles de France. Hatier.

Kupriyanova, L., Niskanen, M., & Oksanen, T. (2014). Karyotype dispersal of the common lizard Zootoca vivipara (Lichtenstein, 1823) in eastern and northeastern Fennoscandia. Memoranda Societatis pro Fauna et Flora Fennica, 90 (Yearbook 2014), 83-90.

Kupriyanova L. & O. Melashchenko. 2011. The common Eurasian Lizard Zootoca vivipara (JACQUIN, 1787) from Russia: Sex chromosomes, subspeciation and colonization. Rusian Journal of Herpetology 18(2).
 
Massot M. Impact du réchauffement climatique sur le fonctionnement des populations de lézard vivipare (Zootoca vivipara). Bull. Soc. De France 130-131

Mayer, W., and Bischoff, W. 1996. Beiträge zur taxonomischen Revision der Gattung Lacerta (Reptilia: Lacertidae). Teil 1: Zootoca, Omanosaura, Timon und Teira als eigenständige Gattungen. Salamandra 32 (3): 163-170

Sordello R. 2002. Synthèse bibliographique sur les traits de vie du Lézard vivipare (Zootoca vivipara) relatifs à ses déplacements et à ses besoins de continuité écologique. Service du patrimoine naturel du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris.

Surget-Groba Y et al. 2001. Intraspecific Phylogeography of Lacerta vivipara and the Evolution of Viviparity. Molecular Phylogenetic and Evolution 18(3)

Thiriet J. et J-P Vacher 2010. Atlas de répartition des amphibiens et reptiles d’Alsace. BUFO

Vacher J-P. & P. Geniez 2010. Reptiles de France, Belgique, Luxembourg et Suisse. Biotopes.

www.reptile-database.com

www.wikipedia.org
 



Créer un site
Créer un site